Dénoncer l'avortement et la théorie du genre tout en défendant les droits des migrants et des personnes LGBT+: le Vatican a publié lundi un nouveau texte consacré au respect de la "dignité humaine".
Baptisé "Dignitas infinita" ("Une infinie dignité"), ce document d'une vingtaine de pages approuvé par le pape François peut être lu comme une manière de colmater les divisions internes au sein de l'Eglise, quatre mois après la polémique provoquée par l'ouverture des bénédictions de couples homosexuels, notamment en Afrique et dans le camp conservateur.
On y retrouve les thèmes clés du pontificat de Jorge Bergoglio, comme la guerre, les droits des migrants, la pauvreté, l'écologie ou la justice sociale, associés entre autres aux questions bioéthiques ou liées aux violences numériques.
Le texte, fruit de cinq ans de travail, a été publié par le Dicastère pour la Doctrine de la foi, le puissant organe du Saint-Siège chargé du dogme et réaffirme la ligne traditionnelle de l'Eglise en listant une quinzaine de "violations concrètes et graves" de la dignité, notamment l'avortement, l'euthanasie et la gestation pour autrui (GPA).
Cette déclaration "contribue ainsi à surmonter le dichotomie existant entre ceux qui se concentrent exclusivement sur la défense de la vie naissante ou mourante, en oubliant bien d'autres atteintes à la dignité humaine, et vice versa", a résumé Andrea Tornielli, éditorialiste du média officiel Vatican News.
Pour la première fois de façon aussi spécifique, le Vatican dénonce avec force la "théorie du genre", selon laquelle l'identité sexuelle serait déterminée par l'éducation et l'environnement, et non par des différences génétiques.
"Toute intervention de changement de sexe risque, en règle générale, de menacer la dignité unique qu'une personne a reçue dès le moment de la conception", peut-on lire.
Par ailleurs, l'Eglise se dresse contre la criminalisation de l'homosexualité - toujours en vigueur dont de nombreux pays, notamment en Afrique - et dénonce "le fait que, dans certains endroits, de nombreuses personnes soient emprisonnées, torturées et même privées du bien de la vie uniquement en raison de leur orientation sexuelle".
"On parle peu de cette violation des droits humains (...) et il est douloureux que certains catholiques défendent ces lois injustes", a déploré lors d'une conférence de presse le préfet (N.1) du dicastère, le cardinal argentin Victor Manuel Fernandez, proche du pape et signataire du texte.
Interrogé sur la doctrine de l'Eglise, qui considère toujours les actes homosexuels comme "intrinsèquement désordonnés", il a estimé que celle-ci "pourrait trouver d'autres mots plus adaptés", tout en se redisant favorable à la dépénalisation de l'homosexualité.
Depuis son élection en 2013, le pape François insiste sur l'importance d'une Eglise ouverte à tous y compris aux fidèles LGBT+, mais ses efforts rencontrent une forte résistance.
Devant la presse, Mgr Fernandez a répondu sans fard aux attaques croissantes l'accusant de trahir la doctrine catholique.
"Certaines personnes qui, il y a des années, adoraient presque le pape, disent aujourd'hui qu'il faudrait l'écouter seulement lorsqu'il parle ex-cathedra", a-t-il regretté.
La Rédaction (avec AFP)